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Geneviève Pruvost, directrice de recherche au CNRS, sociologue du travail et du genre au Centre d’études des mouvements sociaux
Résumés des communications:
Fin des sociétés paysannes, cuisines équipées, bétonisation des terres arables, effacement des savoir-faire et cosmogonies autochtones, ignorance des rythmes du monde vivant… Ces phénomènes divers que l’on apprend aujourd’hui à déplorer sont bel et bien liés, nous disent depuis un demi-siècle des théoriciennes écoféministes, critiques de la modernité industrielle. C’est à leurs pensées, méconnues en France, ainsi qu’aux leçons existentielles et politiques qu’il convient d’en tirer, qu’est consacré cet ouvrage. L’auteure explore les alternatives écologiques et anticapitalistes contemporaines pour démontrer que la vie quotidienne est un terrain politique fondateur.
Les écoféminismes sont avant tout un ensemble des mouvements militants dénonçant les conséquences aggravées de la crise climatique sur les femmes, les personnes racisées, les animaux et les écosystèmes. Ils travaillent à faire reconnaître les effets délétères du développement et de l’industrialisation sur les modes de vie des populations des Suds et leur subsistance. Les mouvements écoféministes mettent en lumière l’interconnexion entre les systèmes d’oppression en s’inscrivant dans les luttes pour la justice environnementale, et en solidarité avec celles pour la décolonisation des populations afrodescendantes et autochtones. En ce sens, les écoféminismes sont radicalement intersectionnels.
Médaille de bronze au CNRS, Geneviève Pruvost est sociologue du travail et du genre au Centre d’études des mouvements sociaux (EHESS). Elle a notamment publié avec Coline Cardi, Penser la violence des femmes (2012). Ses recherches portent depuis dix ans sur la politisation du moindre geste et les alternatives écologiques. Son dernier livre s’intitule Quotidien politique. Féminisme, écologie et subsistance (La Découverte, 2021).
Marie-Anne Casselot est doctorante en philosophie féministe à l’Université Laval. Elle a co-dirigé l’ouvrage Faire partie du monde : Réflexions écoféministes aux Éditions du Remue-ménage en 2017. Elle est également chargée de cours dans plusieurs universités québécoises ainsi que travailleuse autonome dans des organismes culturels et féministes.
Co-organisé par le LabSIC (Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Paris Nord, France) et le CRICIS (Centre interuniversitaire sur la communication, l’information et la société, Québec, Canada), le séminaire Genre(s) et méthodes (GEM) s’attache à étudier les questions féministes, intersectionnelles et de genre(s) en termes de méthodes, méthodologies et épistémologies. Concept transdisciplinaire fluide et non figé, le genre – ou les genres, pour échapper à un fonctionnement social binaire – a fait l’objet de travaux qui, en proposant un décentrement radical, ont transformé le paysage des sciences sociales et humaines tout au long du XXe siècle. Ce séminaire a pour objectif de proposer un espace pour discuter des apports de ces études à la pratique scientifique. Nous y discutons des façons de faire de la recherche lorsqu’on travaille sur le(s) genre(s), de ses / leurs articulations avec d’autres formes de minoration, et du pouvoir critique de cet outil pour désessentialiser le monde social. Cherchant à soustraire la réflexion à la pensée universaliste, nous y décentrons les regards pour aborder les questions de luttes, de résistances, à l’exemple de celles de corps racisés qui subissent différents rapports de domination. Nous réfléchissons à la façon dont sont opérés les décentrements des concepts et aux démarches mises en œuvre pour déconstruire les normes dominantes sur les identités de genre, les sexualités et d’autres rapports de pouvoir comme la classe ou la race. Pluriels, les questionnements portent sur la capacité à penser le positionnement de la chercheuse ou du chercheur, son engagement, sa subjectivité, le dévoilement de biais en termes de production ou d’interprétation de données, la réflexivité sur ces biais en tant que ressources heuristiques, épistémiques ou politiques, les questions éthiques soulevées par des objets perçus comme impurs, ou encore l’historiographie ou l’analyse du caractère genré d’un objet ou d’un dispositif d’enquête… Il s’avère pertinent de mettre au jour et d’analyser les façons dont le(s) genre(s) – ainsi que les concepts qui lui / leur sont rattaché(s) – sont travaillés et reconstruits par le terrain… Enfin, cet espace de dialogue a aussi pour vocation d’interroger la possible singularité des méthodes, méthodologies et épistémologies des approches par le genre et des études féministes et intersectionnelles. Ce séminaire met en lumière des travaux s’inscrivant dans les champs des médias et de la communication, et plus largement en sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, anthropologie, sciences politiques ou philosophie…).